Guidelines européennes 2025 sur la dysfonction érectile et l’hypogonadisme : ce que les patients doivent vraiment savoir
En bref : L’Association européenne d’urologie (EAU) a publié en 2025 une mise à jour de ses recommandations de santé sexuelle masculine. Elles précisent comment diagnostiquer et traiter la dysfonction érectile (DE) et l’hypogonadisme (déficit en testostérone), avec un message simple : partir des causes modifiables (style de vie, maladies associées), poser les bons examens au bon moment, et choisir le traitement le plus sûr et le plus adapté au profil de chacun. Vous trouverez ci-dessous une traduction « grand public » des points clés, sans jargon.
Pourquoi cette mise à jour compte ?
Chaque année, l’EAU passe en revue les études les plus solides et ajuste ses conseils. L’édition 2025 est une mise à jour limitée de 2024, mais elle clarifie des zones grises (quand doser la testostérone, quels examens éviter, quand proposer tel ou tel traitement, etc.). Un article de synthèse paru au printemps 2025 reprend ces nouveautés et les met en contexte clinique.
Dysfonction érectile (DE) : l’approche 2025, en langage clair
1) D’abord, comprendre la cause
La DE n’est pas « dans la tête ». C’est souvent un signal de santé (circulation, nerfs, hormones, médicaments, stress). Les recommandations rappellent de commencer par les facteurs modifiables : tabac, alcool, poids, sédentarité, sommeil, diabète, tension artérielle, cholestérol. Corriger ces éléments améliore souvent l’érection et la santé générale.
2) Les examens utiles (et ceux à éviter)
- Bilan de base : glycémie, lipides, tension, médicaments en cours. Un dépistage cardiovasculaire est logique, car la DE peut précéder un problème cardiaque.
- Testostérone : à doser le matin (voir plus bas), si signes évocateurs (baisse du désir, fatigue marquée, etc.). Pas besoin de « batteries » d’examens coûteux en première intention chez la plupart des hommes.
- Échographie pénienne / examens spécialisés : réservés à des cas sélectionnés (traumatismes, doutes diagnostiques, échec réitéré des traitements).
3) Les traitements de première ligne
La base reste les inhibiteurs de la PDE5 : sildénafil (Viagra), tadalafil (Cialis), vardénafil (Levitra), avanafil. On choisit la molécule selon la durée souhaitée, la tolérance et le rythme de vie (à la demande ou quotidien faible dosage). Les recommandations insistent sur l’éducation : prise à distance des repas riches, stimulation sexuelle nécessaire, adaptation de la dose si besoin.
4) Et si ça ne marche pas ?
- Vérifier la technique de prise (timing, dose, repas). Beaucoup « échouent » parce que la prise n’est pas optimale.
- Changer ou associer : une autre molécule PDE5, un schéma quotidien, ou envisager des options de seconde ligne (injections intracaverneuses, dispositif à dépression [pompe], prothèse pénienne dans les cas sévères).
- Prise en charge globale : anxiété de performance, difficultés de couple, éjaculation précoce (Priligy/dapoxétine) si elle coexiste — cela fait partie de la réussite du traitement.
5) Nouvelles tendances (2025)
Les experts EAU soulignent l’intérêt de stratégies dites « combinées » et rappellent que certaines approches régénératives (ondes de choc, PRP, cellules souches) restent prometteuses mais hétérogènes en termes de preuves, à réserver à des centres expérimentés ou dans le cadre d’études. L’accent est mis sur l’individualisation des choix et l’évaluation rigoureuse des bénéfices attendus.
Hypogonadisme masculin : quand (et comment) parler de testostérone ?
1) De quoi parle-t-on ?
L’hypogonadisme signifie que l’organisme ne produit pas assez de testostérone (ou ne l’utilise pas correctement), avec des symptômes possibles : baisse du désir, fatigue, humeur en berne, masse musculaire en baisse, voire troubles de l’érection. Les recommandations 2025 rappellent que le diagnostic est clinique + biologique : pas de décision uniquement sur un chiffre isolé.
2) Quand doser ?
- Matin à jeun (entre ~7h et 11h), au moins deux dosages espacés, avec dosage de la testostérone totale (et parfois libre/SHBG selon le contexte).
- Ne pas doser « à tout-va » sans symptômes ou facteurs de risque : l’objectif est d’éviter les traitements inadaptés.
3) Qui traiter ?
Si les symptômes sont compatibles et que la testostérone est basse à plusieurs reprises, on peut discuter une thérapie de substitution (gel, patch, injection) après avoir pesé bénéfices/risques (prostate, polyglobulie, apnées, fertilité). La décision est personnalisée et réévaluée dans le temps.
4) Points de vigilance (2025)
- Fertilité : la testostérone peut diminuer la production de spermatozoïdes. À éviter si projet d’enfant à court terme — discuter d’alternatives.
- Suivi : contrôle régulier de la testostérone, de l’hématocrite (sang trop « épais »), de la prostate selon l’âge/risques.
Ce qui change (ou se précise) en 2025
- DE : réaffirme la priorité aux facteurs de risque (cardio-métaboliques) et à l’optimisation des prises de PDE5 avant de conclure à un « échec ». Approche par paliers, du simple vers le plus spécialisé.
- Hypogonadisme : insistance sur un diagnostic rigoureux (symptômes + testostérone basse répétée le matin), et une prescription prudente avec suivi. Les critères restent encore variables selon les sociétés savantes, d’où l’intérêt de standards clairs.
- Information patient : outils « cheat sheets » et algorithmes EAU pour aider à comprendre les étapes de prise en charge.
Et côté traitements : quelles options concrètes ?
1) Médicaments oraux (PDE5)
- Sildénafil (Viagra) : effet rapide, dure quelques heures, plutôt « à la demande ».
- Tadalafil (Cialis) : durée longue (jusqu’à 36 h), existe en daily (dose faible quotidienne) pour plus de spontanéité.
- Vardénafil (Levitra) et Avanafil : alternatives selon tolérance/préférences.
2) Quand la première ligne ne suffit pas
- Injections intracaverneuses (alprostadil, bimix/trimix) : très efficaces, nécessitent un apprentissage.
- Dispositif à dépression (pompe à vide) : mécanique, sans médicament, utile chez certains profils.
- Prothèse pénienne : solution chirurgicale en ultime recours, avec haut taux de satisfaction si bien indiquée.
3) Cas particuliers
- Après prostatectomie : rééducation, PDE5 à faible dose quotidienne, pompe à vide — stratégie « réhabilitation ».
- Éjaculation précoce associée : dapoxétine/Priligy peut être proposée, parfois avec un PDE5 selon le profil.
Comment se déroule, en pratique, un parcours « EAU 2025 » pour DE ?
- Premier rendez-vous : questionnaire simple (DE depuis combien de temps ?), bilan des facteurs de risque, médicaments en cours, histoire sexuelle, attentes.
- Examens ciblés : tension, glycémie, lipides ; testostérone matinale si symptômes évocateurs ; pas d’examens « exotiques » d’emblée.
- Premières mesures : conseils de mode de vie + essai PDE5 bien expliqué (timing, dose, repas).
- Réévaluation à 4–8 semaines : si succès, on poursuit ; si échec, on optimise (dose/choix) ou on ouvre la porte aux options de deuxième ligne.
- Cas complexes : recours à un urologue spécialisé pour examens/traitements avancés (injections, pompe, chirurgie).
Hypogonadisme : déroulé type selon 2025
- Identifier les symptômes (désir en berne, fatigue, baisse de force) et écarter d’autres causes (dépression, apnées, médicaments).
- Doser correctement la testostérone (matin, répéter, tenir compte de la SHBG selon le cas).
- Confirmer par un second dosage + corréler aux symptômes.
- Discuter options : substitution (gel/patch/injection) vs mesures non médicamenteuses (poids, sommeil, sport), selon la sévérité et le projet de vie (fertilité).
- Suivre (hématocrite, prostate selon l’âge/risque, symptômes, ajustement de dose).
Questions fréquentes (FAQ)
Un « PDE5 » marche-t-il chez tout le monde ?
Non, mais beaucoup d’hommes répondent quand on optimise la façon de le prendre (dose, timing, repas) et qu’on traite en parallèle les facteurs de risque (tabac, tension, diabète). Sinon, d’autres options existent (injections, pompe, chirurgie).
Kamagra, Viagra, Cialis… que choisir ?
Ce sont des PDE5 avec des durées d’action et des profils légèrement différents. Choix selon vos préférences et la tolérance : sildénafil (effet rapide, plus court), tadalafil (effet long, possible en daily), vardénafil ou avanafil (début d’action rapide). Votre médecin/pharmacien vous aide à trouver le bon dosage.
La testostérone « booste-t-elle » l’érection ?
Pas si vous n’êtes pas en déficit. La substitution n’est utile que si la testostérone est réellement basse et qu’il y a des symptômes compatibles, après deux dosages matinaux. Sinon, les PDE5 sont plus pertinents.
Je veux un « bilan complet » tout de suite : c’est utile ?
Pas forcément. Les guidelines recommandent d’aller du simple au complexe : bilan cardio-métabolique + testostérone (si symptômes) d’abord. Les examens avancés viennent ensuite, si besoin.
Quid des thérapies « régénératives » (ondes de choc, PRP) ?
Intéressantes mais encore variables selon les protocoles et les centres. À discuter dans des structures expérimentées. Priorité aux options validées et à l’individualisation.
Conseils pratiques (version « à la maison »)
- Tabac : arrêter améliore la fonction vasculaire (et souvent la DE). Voir nos pages Champix/varénicline et Zyban/bupropion pour le sevrage (avec avis médical).
- Poids & activité : 150 min/semaine d’activité modérée (marche rapide, vélo), + renforcement 2 ×/semaine.
- Sommeil : viser 7–8 h, traiter le ronflement/apnées si présents.
- Alcool : modération (l’alcool désorganise l’érection).
- Couple : parler simplement des attentes et du rythme. Parfois, 2–3 séances d’éducation ou de soutien sexologique suffisent.
Ce que disent les experts (en deux idées)
- Personnaliser : pas de « pilule miracle », mais une combinaison adaptée (hygiène de vie + PDE5 +/- autre option) améliore nettement la majorité des situations.
- Éviter les excès : pas d’examens « pour se rassurer » quand ils ne changent rien, pas de testostérone « pour booster » sans vrai déficit. On suit le pas-à-pas des guidelines.
Ressources internes utiles
- Sildenafil (Viagra)
- Tadalafil (Cialis)
- Vardénafil (Levitra)
- Priligy (dapoxétine) - en cas d’éjaculation précoce associée
- Champix (varénicline) — sevrage tabagique
- Zyban (bupropion) — sevrage tabagique