Asthme : quand le spasme mécanique abîme les bronches
Une nouvelle étude suggère que le simple fait de « serrer » les bronches lors d’une crise peut suffire à endommager l’épithélium respiratoire et déclencher l’inflammation, même si l’on prend déjà des corticoïdes. Explications vulgarisées et tour d’horizon des médicaments actuels.
Ce que révèle l’étude
On savait que l’asthme impliquait une réaction immunitaire et une inflammation. Mais les chercheurs ont montré qu’un autre facteur joue un rôle central : le spasme mécanique des bronches (le fameux « bronchospasme »).
Quand les bronches se contractent brutalement, elles compressent l’épithélium (le « revêtement » interne des voies respiratoires). Ce stress mécanique déclenche un processus appelé extrusion cellulaire : les cellules de l’épithélium sont expulsées en masse, laissant des trous dans la barrière protectrice. Résultat : le passage devient plus vulnérable aux microbes et aux substances irritantes, l’inflammation s’emballe, et la sécrétion de mucus augmente.
Pourquoi est-ce important ?
Cela signifie que l’asthme n’est pas seulement une « inflammation chronique » contrôlable avec des corticoïdes. Le mouvement mécanique du spasme est en lui-même nocif. Jusqu’ici, aucun traitement approuvé n’agit directement sur ce mécanisme d’extrusion cellulaire.
Dans l’étude, des substances expérimentales bloquant certaines voies moléculaires (comme le gadolinum ou des inhibiteurs du signal S1P) ont réussi à empêcher l’extrusion et les dégâts, même si le spasme continuait. Ce sont des pistes pour de futurs médicaments, mais pas encore disponibles en clinique.
Médicaments actuels contre l’asthme : rappel simple
En attendant de nouvelles thérapies ciblant le mécanisme de l’extrusion, voici les grandes familles de médicaments déjà utilisées :
🔵 Les sprays de secours
Ventolin® (salbutamol) est le plus connu. C’est un bronchodilatateur d’action rapide : il ouvre les bronches en quelques minutes pour soulager une crise. Mais son effet est court et il ne répare pas l’inflammation ni l’extrusion.
🟤 Les traitements de fond quotidiens
- Corticoïdes inhalés (béclométhasone, budésonide, fluticasone) : réduisent l’inflammation chronique et préviennent les crises.
- Associations fixes comme Symbicort® (budésonide-formotérol) ou Seretide® (fluticasone-salmétérol) : combinent un corticoïde et un bronchodilatateur de longue durée.
⚪ Les autres options
- Antileucotriènes (montélukast) : réduisent une partie de l’inflammation, surtout utile chez les patients allergiques.
- Anticholinergiques longue durée (tiotropium) : ajoutés chez certains adultes difficiles à contrôler.
- Biothérapies (omalizumab, mépolizumab, dupilumab, etc.) : anticorps injectables pour l’asthme sévère, ciblant des molécules précises de l’inflammation.
Nouvelles pistes thérapeutiques
Les chercheurs testent l’idée de bloquer la chaîne de signaux qui mène à l’extrusion. Parmi eux, des médicaments déjà connus pour d’autres maladies :
- Inhibiteurs du S1P (comme le fingolimod, déjà utilisé dans la sclérose en plaques) ;
- Antagonistes S1P2 (comme JTE-013) ;
- Bloqueurs mécanosensibles comme le gadolinum (expérimental).
Ces molécules ne sont pas prêtes pour la pratique clinique, mais elles montrent une direction nouvelle : empêcher que le spasme endommage la paroi, au lieu de seulement calmer les symptômes après coup.
Et pour les patients aujourd’hui ?
Pour l’instant, le message reste le même : bien utiliser les traitements disponibles, maîtriser la technique d’inhalation, éviter les déclencheurs (allergènes, pollution, tabac), et consulter régulièrement pour ajuster le plan thérapeutique. La recherche sur l’extrusion cellulaire ouvre un espoir de traitements qui protégeraient directement l’épithélium.